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Le flou n’est pas l’ennemi du photographe
Depuis plusieurs années, je prends des photos dans ma voiture, alors que je roule. J’ai aujourd’hui des dizaines d’images prises ainsi, et que j’aime beaucoup. Un exemple : ce champ de maïs photographié il y a quelques jours entre Aix-Les-Bains et Lyon, où je me rendais pour organiser un workshop.
Le résultat de ce genre de photos est toujours une surprise, car quand on roule, difficile de cadrer précisément, de déclencher au bon moment, ou d’être certain de son exposition et de sa mise au point. Mais c’est justement cette part de hasard, ce manque de contrôle, qui rend cette pratique intéressante.
J’ai commencé à prendre des photos ainsi, en roulant, après avoir découvert la série « from the car » de Joel Meyerowitz.
« My first ‘from the moving car photos’ were made from my VW bus back in 1964 when I drove all around America on my first long car trip. […] I have made many thousands of images this way and I never tire of the challenge and the surprises that show up on film, or now, the screen. » — Joel Meyerowitz
(Traduction : Mes premières photos « dans la voiture en mouvement » ont été prises depuis mon van Volkswagen en 1964, alors que je réalisais mon premier grand road-trip à travers les Etats-Unis. […] Aujourd’hui, j’ai pris des milliers de photos de cette façon, et je ne me lasse pas du défi et des surprises qui apparaissent sur le film ou, plus récemment, sur l’écran.)
Pour prendre des photos ainsi, depuis votre voiture en mouvement, vous devez accepter de ne pas totalement maitriser le rendu de vos photos ; accepter cette part de hasard ; accepter que la majorité de vos photos soient — entièrement ou partiellement — floues.
Mais rappelez-vous : le flou n’est pas l’ennemi du photographe. C’est plutôt un bon ami.
Vous devez maitriser le flou — c’est à dire être capable de l’éviter quand vous n’en voulez pas —, mais n’essayez pas de l’éliminer à tout prix de vos photos, car le flou a des avantages : il permet de suggérer le mouvement, il représente un couche d’abstraction qui rend le sujet que vous photographiez un peu moins réel, et donne une plus grande liberté d’interprétation aux spectateurs.
À ce sujet, si vous ne maitrisez pas parfaitement le flou, ou si vous n’en comprenez pas l’intérêt, je vous conseille de suivre la formation Le Flou Autrement : une formation en ligne, simple et sans langage technique, pour tout comprendre au flou.
Vous apprendrez comment l’éviter et créer des images parfaitement nettes, mais aussi comment l’utiliser pour améliorer vos photos : créer des images percutantes, ou qui retranscrivent des sentiments ou des ambiances particulières.
(Joel Meyerowitz est l’un de mes photographes préférés. En 2015, il a créé un blog et y a publié une photo par jour pendant un an. En le découvrant, je me suis souvenu des mots de Sénèque, le philosophe stoïcien : « Tu dois choisir un nombre limité de maitres-penseurs, et te nourrir de leur génie, si tu veux en tirer des idées qui resteront ancrées dans ton esprit. ». J’ai alors décidé de lire l’intégralité du blog de Joel Meyerowitz, en prenant mon temps, et de partager avec vous toutes les idées que cette lecture pourrait faire naitre dans mon esprit. C’est ainsi qu’est né le projet « A second time around the sun », dont l’article que vous venez de lire fait partie. L’intégralité du projet est à votre disposition ici : a second time around the sun.)