Lorsqu’il est trop libre, votre esprit a du mal à créer. C’est le syndrome de la page blanche : la page est là, devant-vous, entièrement blanche. Vous pouvez y écrire tout ce que vous voulez. N’importe quoi. Mais devant tant de possibilités, votre cerveau devient anxieux. Il se fige et les mots ne viennent pas.

À l’inverse, lorsqu’il est soumis à des contraintes, votre esprit sait par où commencer. Ce cadre le libère de toute anxiété. Il peut alors être créatif. D’ailleurs, il n’a pas d’autres choix que d’être créatif — comment créer quelque chose d’intéressant, dans un cadre qu’on vous impose, si ce n’est en faisant preuve de créativité ?

Ça parait contre-intuitif, mais lorsque vous travaillez sur un projet, plus le cadre que vous vous imposez est clair, plus il y a de règles et de contraintes, et plus il vous sera facile d’être créatif.

Une contrainte créative, ça peut être beaucoup de choses : une destination ou un sujet que vous vous imposez, une façon de le traiter, un choix de matériel, une contrainte technique ou de composition… ou, le plus souvent, un mélange de tout cela.

Quelles que soient les contraintes que vous vous imposez, l’important est de définir un ensemble de règles, qui créeront un cadre et guideront votre esprit.

Lorsqu’il s’est lancé dans son projet « Errance », Raymond Depardon s’est imposé un certain nombre de règles : travailler majoritairement à l’extérieur, en utilisant toujours le même appareil photo — un argentique — et toujours le même film noir et blanc. Il s’est également imposé des contraintes de composition : un cadrage vertical, l’horizon placé au milieu du cadre, une certaine distance par rapport à ses sujets — il ne voulait pas les photographier de trop près —, etc.

Malgré qu’elles soient contraignantes, ces règles l’ont aidé à être créatif et à produire un travail cohérent. Comme il le dit lui même : « Le choix de travailler [ainsi] m’a peut-être quelquefois contraint à faire certaines photos et pas d’autres, [mais] j’étais très content de m’être donné ces règles. »

Les contraintes créatives, c’est le sujet de l’exercice du mois de Novembre remis aux élèves de l’Université de la Photo. Si vous voulez y participer, mais n’êtes pas encore inscrit, il n’est pas trop tard pour nous rejoindre :

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« J’ai longtemps dit apprécier les contraintes dans le travail, en citant Lao Tseu : “ ce qui est en travers du chemin est le chemin. ” Je vais maintenant plus loin et encourage les étudiants à créer délibérément des contraintes. Recherchez-les, accueillez-les et, si elles ne sont pas assez fortes ou limitantes, créez des contraintes plus strictes. [..] Choisissez vos contraintes et observez vos idées naissantes, poussées par l’obligation de s’y conformer. Sur chaque voyage, chaque reportage, je me donne une nouvelle contrainte et un but pour ma production. » — David duChemin, L’âme d’une image