Ayez le courage de montrer ce que vous voyez, et soyez vrai
En tant que photographe, il est important de saisir l’ambiance de l’endroit où nous nous trouvons, et d’adapter la façon dont nous prenons des photos à notre environnement ainsi qu’au sujet auquel nous nous intéressons.
En plein centre de Paris, là où les rues fourmillent de monde, vous devez être rapide et toujours en action pour capturer des évènements qui ne durent parfois qu’une fraction de seconde.
En pleine nature, au contraire, vous pouvez prendre le temps de contempler ce qui a attiré votre œil. Vous devez ralentir, et vous adapter au rythme infiniment plus lent de cet environnement.
L’environnement change le photographe.
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Nous sommes en plein centre de Paris, avec un groupe d’élèves participant à l’un de mes workshops. La consigne est simple : prenez une photo dès que vous entendez cette petite voix qui vous dit : « Il y a quelque chose d’intéressant à photographier ici ! »
Au coin d’une rue, Bruno et Elisabeth lèvent leur appareil et déclenchent au même moment. Je leur demande alors de nous montrer leurs photos.
Bruno a photographié cette jeune fille qui passait en vélo juste devant nous au moment où nous sommes entrés dans la rue. Elisabeth a photographié un détail de la façade éclairée par la douce lumière du soleil couchant.
Les deux photos sont réussies. Les deux photos ont été prises au même moment et au même endroit. Pourtant, elles sont totalement différentes. L’une nous montre un être humain en mouvement et transmet l’idée de vitesse, l’autre nous montre une lumière et transmet l’idée de calme et de douceur.
Le photographe change l’environnement.
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Une photo est un dialogue entre l’environnement — ou le sujet — et le photographe.
L’un influence l’autre, et inversement : deux photographes dans le même environnement ne prendront pas les mêmes photos ; le même photographe dans deux environnements différents ne prendra pas les mêmes photos non plus.
En tant que photographe, vous devez trouver un équilibre dans ce dialogue.
Vous devez vous adapter à votre environnement — c’est-à-dire faire avec ce que vous avez sous la main — tout en ayant le courage de rester vous-même — c’est-à-dire photographier ce qui vous intéresse, et de la façon dont vous le voulez.
Si, à travers vos photos, on ressent à la fois ce qu’exprime l’environnement — c’est-à-dire ce qui a attiré votre œil et vous a poussé à déclencher —, et la façon dont vous le voyez, alors vos photos seront à la fois intéressantes et uniques.
C’est la combinaison du sujet et du photographe qui fait qu’une photo est unique, et c’est l’authenticité des deux qui fait qu’elle est intéressante.
Ayez le courage de montrer ce que vous voyez, faites-le d’une manière aussi vraie que possible, et votre travail nous passionnera.
(Joel Meyerowitz est l’un de mes photographes préférés. En 2015, il a créé un blog et y a publié une photo par jour pendant un an. En le découvrant, je me suis souvenu des mots de Sénèque, le philosophe stoïcien : « Tu dois choisir un nombre limité de maitres-penseurs, et te nourrir de leur génie, si tu veux en tirer des idées qui resteront ancrées dans ton esprit. ». J’ai alors décidé de lire l’intégralité du blog de Joel Meyerowitz, en prenant mon temps, et de partager avec vous toutes les idées que cette lecture pourrait faire naitre dans mon esprit. C’est ainsi qu’est né le projet « A second time around the sun », dont l’article que vous venez de lire fait partie. L’intégralité du projet est à votre disposition ici : a second time around the sun.)